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CREATION ARTISTIQUE
ET CREATION SPIRITUELLE

Autres textes de Aïvanhov

Les sources divines de l'inspiration | Prose et poésie | La voix | Comment écouter la musique
L'idéalisation comme moyen de création | Le chef d'oeuvre vivant

Omraam Mikhaël Aïvanhov - Editions Prosveta - N° 223
(Tous les textes de cette page proviennent de cet ouvrage)

Pourquoi les peintres, les sculpteurs, les musiciens, les poètes, les cinéastes s’acharnent-ils à reproduire tout ce qui est laid, déformé, chaotique ? Toutes les sources d’inspiration sont épuisées, paraît-il, alors ils sont désœuvrés. Ils ne savent plus s’élever comme le faisaient les artistes d’autrefois, pour chercher l’inspiration en haut, pour saisir, capter des couleurs, des formes, des mélodies qui viennent du Ciel. Alors ils prennent le chemin qui descend, ils s’engagent dans les souterrains, ils plongent dans les profondeurs obscures de la subconscience ; là grouille une faune d’animaux préhistoriques qui ont disparu de la surface de la terre mais qui subsistent encore dans l’âme humaine sous forme d’instincts, d’impulsions, d désirs, de sentiments inférieurs, et des plantes vénéneuses exhalent des vapeurs qui troublent la raison…/…

Dans le passé beaucoup d’artistes étaient des disciples d’Ecoles initiatiques : on leur révélait comment s’élever vers les régions supérieures pour y capter des formes, des couleurs, des harmonies. Ils méditaient, ils contemplaient pour recevoir des inspirations célestes. Lorsqu’ils arrivaient à les concrétiser dans leurs œuvres, elles agissaient sur les humains en les poussant à prendre le même chemin vers les hauteurs. C’est pourquoi, depuis des siècles, ces créations agissent encore sur nous…/…

En réalité, si vous êtes un artiste, vous devez entreprendre une œuvre que personne d’autre ne puisse faire, une œuvre si belle, si éducative, qu’elle projette les cœurs et les âmes vers le Seigneur, et qu’en la voyant tous sentent s’éveiller en eux un élan vers la perfection. Voilà comment les Initiés comprennent la mission de l’art : amener les humains vers le Ciel, en non vers l’Enfer, la cacophonie, le désordre. N’importe qui peut composer, dessiner, filmer des horreurs et les présenter, mais c’est criminel, car à la longue les œuvres d’art agissent sur la mentalité du public. Et si actuellement tant de gens deviennent détraqués, c’est parce que de plus en plus on ne leur montre que le désordre et la laideur. Tout ce que l’on entend, tout ce que l’on voit agit sur le système nerveux. Quand vous contemplez le désordre, ce désordre s’installe en vous ; quand vous contemplez la beauté et l’harmonie, vous devenez beau et harmonieux… c’est une loi magique…/…

L’important, c’est d’écouter une musique qui imprègne l’âme de beauté et d’harmonie. Je ne le répèterai jamais assez : cette musique qui est maintenant tellement à la mode est très nocive, elle favorise le désordre et le déséquilibre chez les jeunes, elle détraque leur système nerveux, elle les pousse à la violence, ils deviennent de plus en plus excités et agressifs, et il ne faut pas s’étonner si l’on voit de plus en plus de délinquants jeter des bombes et s’attaquer à n’importe qui. Bientôt on aura peur de sortir de chez soi.
Malheureusement, la foule préfère ceux qui, au lieu de l’entraîner vers les sommets, descendent pour lui plaire, pour alimenter ses instincts inférieurs. Les écrivains, les artistes, les cinéastes, tous sont là pour contenter la foule ; ils s’abîmeront la santé, ils tomberont malades, ça ne fait rien, ils doivent contenter la foule parce qu’ils ont besoin d’être applaudis, ils vivent de ses applaudissements. Quand ceux qui ont pour mission de guider le peuple ne cherchent qu’à lui plaire, c’est la fin d’une civilisation. Evidemment, il faut contenter le peuple, mais pas en lui fournissant tout ce que la nature inférieure réclame : des spectacles de débauche, de cruauté, d’épouvante… Où est le temps où un peuple entier allait assister aux pièces d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide ou d’Aristophane ?
Il manque aux artistes la conscience du rôle qu’ils peuvent jouer pour transformer l’humanité. Ils ne savent pas tirer parti des puissances que le Ciel a placées en eux pour éveiller les âmes. Ils gaspillent ces puissances. Ils jouent, ils chantent, ou ils peignent, mais ce n’est pas pour faire évoluer les êtres. C’est pour les distraire, pour flatter leurs désirs, leurs caprices, ou pour obtenir l’argent, la gloire… Et combien aussi ont tendance à présenter dans leurs œuvres la réalité la plus grossière, la plus répugnante, comme si nous ne la connaissions pas suffisamment ! Il est préférable pour l’épanouissement de l’être humain qu’il puisse se plonger dans la beauté d’un monde féerique qui lui donne le désir de se tendre vers le merveilleux pour y vivre…/…

Mais regardez l’inconséquence des humains : si au marché ou dans les épiceries on se permettait de vendre des aliments empoisonnés ou nocifs pour la santé, tout le monde protesterait et les commerçants seraient punis. Mais dans le domaine intellectuel ou artistique, n’importe qui est libre de nourrir le public avec des aliments empoisonnés, ou même avec des excréments !
Il faut se mettre en harmonie avec l’Intelligence cosmique en vibrant à l’unisson avec elle et en créant la vraie beauté.

LES SOURCES DIVINES DE L'INSPIRATION :

La véritable méditation, c’est d’abord de nous élever jusqu’à un monde qui nous dépasse, d’être émerveillé devant lui et de refléter ensuite cet émerveillement.../…
C’est d’après ces méthodes que travaillaient les grands génies du passé : les peintres, les sculpteurs, les musiciens, les poètes, et c’est pourquoi ils ont donné des chefs-d’œuvre à l’humanité.
Avant de se mettre au travail, ils se recueillaient, méditaient, et demandaient la bénédiction du Ciel, car seul le Ciel peut apporter cette lumière qui éclaire l’imagination. Ils recevaient ainsi la révélation de la vraie beauté et la possibilité de l’exprimer et de la transmettre…/…

Où trouverez-vous des artistes qui vont prier et méditer avant de créer ? Tous sont des génies, vous comprenez, ils n’ont pas besoin de l’aide du Ciel, ils n’ont pas besoin d’être inspirés. C’est pourquoi leurs œuvres non seulement ne contiennent plus cet élément d’éternité qui donne un tel prix aux œuvres du passé, mais elles reflètent les régions infernales de la subconscience. Les artistes qui créent ces œuvres entraînent l’humanité à sa perte. Et il en est de même des penseurs et des écrivains qui n’ont jamais médité ni vécu d’extases, qui ne se sont jamais élevés jusqu’aux régions célestes pour contempler la structure de l’univers ; ils écrivent des livres qui désagrègent complètement leurs lecteurs en leur inspirant le doute, la révolte, le goût du désordre et de l’anarchie. Beaucoup d’ouvrages actuellement sont produits par des écrivains qui n’ont jamais fait l’effort de s’élever jusqu’aux régions supérieures de l’esprit. Vous direz : « Mais comment le savez-vous ? » Par les états qu’ils provoquent en nous. Si un écrivain n’arrive pas à éveiller la nature supérieure en nous, c’est la preuve qu’il n’a jamais visité le Ciel.

PROSE ET POESIE :

En réalité, la véritable poésie ne se limite pas à la littérature, elle est liée à la vie. Le véritable poète est celui qui est capable de vivre la beauté qu’il exprime dans ses vers, capable de vivre une vie poétique dans ses pensées, ses sentiments, ses actes. C’est trop facile d’écrire des poèmes et de vivre à côté une vie antipoétique. Combien de poètes ne peuvent pas écrire s’ils ne boivent pas, ne fument pas, ne couchent pas avec une quantité de femmes ! Il parait que pour trouver l’inspiration ils ont besoin d’expériences, de sensations, afin de « ne pas laisser tarir la source ». Mais elle est tarie depuis longtemps, leur source ! Alors voilà les poètes : exposés à tous les vents, maladifs, faibles, sans volonté, ils vivent perpétuellement dans les passions, les excès, les angoisses, et finissent dans la folie ou la déchéance.

LA VOIX :

Si un chanteur vit une vie pure, équilibrée, harmonieuse, en contact avec la nature, sa voix se renforce, augmente en volume, en souplesse, en douceur, en subtilité, en agilité, elle lui obéit de mieux en mieux et il peut rendre plus facilement toutes les nuances de ce qu’il veut exprimer. Au lieu de servir seulement sa vanité, ses passions, de rechercher les plaisirs ou les avantages financiers, il doit s’élancer vers un idéal supérieur. Il se lie ainsi à des entités spirituelles parfaites qui viendront l’aider et le guideront sur un chemin où il trouvera de plus en plus de possibilités pour travailler et enrichir sa voix. Evidemment ce n’est pas un chemin facile, il demande des sacrifices, des renoncements, mais ça vaut la peine.

Il y a trop de chanteurs, de chanteuses qui à travers leur voix envoient à leur public des ondes disharmonieuses ou malsaines, qui le font régresser vers des états chaotiques, troubles ou passionnels. Où sont ceux qui, par leur voix, inspireront à leur auditoire le désir d’abandonner leur vie terne et médiocre pour embrasser une vie nouvelle consacrée à la beauté et à la lumière ? C’est l’aura qui crée les conditions pour que l’artiste puisse agir magiquement sur son auditoire ?

Si vous avez une belle voix, croyez-vous que ce don soit pour vous ? Non, c’est pour accomplir un travail sur les autres. Le Ciel vous demandera compte tôt ou tard de ce que vous aurez fait de ce don, et si vous êtes obligé de répondre : « Je l’ai utilisé pour m’enrichir et avoir la gloire, j’ai voulu distraire les gens, flatter leurs désirs, leurs caprices, je les ai plongés dans la sensualité, les passions… Eh bien, puisque c’est ainsi, répondra le Ciel, vous perdrez votre voix ».

COMMENT ECOUTER LA MUSIQUE :

La musique est une respiration de l’âme et de la conscience. C’est par la musique que l’âme se manifeste sur la terre. Quand la conscience supérieure s’éveillera en l’homme, quand il développera en lui des possibilités de perceptions plus subtiles, il commencera à entendre cette symphonie grandiose qui retentit à travers les espaces, d’un bout à l’autre de l’univers, et il comprendra alors le sens profond de la vie.

Mais regardez la jeunesse : elle préfère une musique excitante qui la met en ébullition, qui la fait gesticuler, se trémousser. L’autre musique, celle des grands compositeurs, Mozart, Beethoven, Haydn, c’est pour les vieux, parait-il. Eh bien, ils n’ont rien compris, ces jeunes-là, ils ne savent pas que cette musique qu’ils aiment n’éveille en eux que des impulsions de la plus grande légèreté et inconséquence. Certains genres de musique ont des effets très nocifs sur le comportement, la sensibilité, mais les jeunes ne se sont pas arrêtés pour étudier les effets que cette musique qui leur plait produit sur eux, vers quoi elle les pousse. Ils ne veulent pas le savoir, ils cherchent seulement ce qui leur
« dit quelque chose », ce qui est plaisant sur le moment, sans prévoir ce que cela donnera plus tard et quelles folies ils commettront justement à cause des états que cette musique aura éveillés en eux.

L'IDEALISATION COMME MOYEN DE CREATION :

Les humains doivent nourrir des pensées sacrées les uns pour les autres. Grâce à de telles pensées, ils aident tous leurs frères et sœurs à évoluer et ils se sanctifient eux-mêmes…/…
Vous devez nourrir des pensées sacrées les uns pour les autres. En nourrissant ces pensées, vous cessez de vous arrêter sur des détails qui ne sont pas tellement glorieux, mais vous vous arrêtez sur le principe divin dans les êtres. Tandis qu’en vous occupant de leurs défauts, vous vous faites du mal parce que vous vous nourrissez de saletés, et vous empêchez aussi les autres d’évoluer. Alors, quelle ignorance ! On croit qu’on va aider les autres à se corriger en soulignant leurs défauts, mais en réalité c’est tout le contraire qui se produit…/…

Si vous diminuez toujours quelqu’un en montrant que vous avez une mauvaise opinion de lui, non seulement il ne manifestera plus à votre égard le bon côté qu’il possède tout de même, mais encore il cherchera à vous nuire. Tandis que si vous montrez que vous croyez en lui, il essaiera de ne pas vous décevoir. Quelquefois, même, il faut faire semblant d’avoir une très haute opinion de quelqu’un, car vous touchez son amour-propre ; il essaie de se surpasser, et c’est ainsi que vous arrivez à l’améliorer. Eh oui, voila la véritable pédagogie. Ne vous imaginez pas pouvoir améliorer les êtres en soulignant sans cesse leurs imperfections et en les traitant d’imbéciles, d’incapables car à ce moment-là ils ne font même plus d’efforts. Puisque vous avez déjà si mauvaise opinion d’eux, pourquoi feraient-ils des efforts ? Et à la fin ils deviennent vraiment incapables, parce que c’est une sorte de magie que vous avez exercée sur eux, et ils sont hypnotisés, subjugués, paralysés…/…

Maintenant, pour être vraiment complet, je peux ajouter que cet exercice d’idéalisation, vous pouvez le faire aussi pour vous-même. Après avoir pris clairement conscience de toutes vos lacunes et imperfections, vous décidez d’imaginer que vous atteignez la perfection, qu’aucune qualité et possibilité ne vous manque. Voila encore un travail magique grâce auquel vous accélérez votre perfectionnement. Tant que vous n’avez de vous que l’image de ce que vous êtes pour le moment, vous êtes retenu dans les degrés inférieurs de l’évolution, car cette image médiocre, prosaïque de vous-même agit sur vous et vous ne pouvez pas avancer. Tandis que si vous formez de vous-même une image sublime sur laquelle vous pouvez vous concentrer, cette image agira aussi sur vous en provoquant d’autres vibrations, d’autres élans, car vous aurez envie d’atteindre cette image, et c’est ainsi que vous ferez des progrès…/…

Donc, quelque soit le travail grandiose que vous faites intérieurement, continuez à vous comporter simplement envers les autres. Imaginez que vous êtes beau, lumineux, rayonnant, que vous accomplissez la volonté de Dieu, que vous nagez dans la lumière, que vous arrivez à vous retrouver tel que vous étiez dans le passé lointain, auprès de Dieu, et tel que vous devrez être dans l’avenir : parfait… mais en étant conscient que ce n’est pas encore arrivé dans le plan physique.

LE CHEF D’ŒUVRE VIVANT :

Le peintre qui ne travaille jamais sur les couleurs de son aura n’est pas un peintre. Le musicien qui n’a jamais pensé à accorder son intellect, son cœur et sa volonté ne connait pas encore l’harmonie. Il faut comprendre ce qu’est l’art véritable. Quoi de plus beau que d’être artiste dans ses pensées, ses sentiments, ses gestes, ses paroles, ses regards ? … Et chaque jour, il y a une exposition présentée devant les Anges. Sans arrêt ils nous regardent. Alors, pourquoi tant d’artistes s’abîment-ils la vie et la santé à vouloir monter sur les planches, plastronner et se faire applaudir par des idiots, quand tous les jours chacun a là un public angélique qui attend de pouvoir admirer ses œuvres ? …/…

L’artiste par excellence est celui qui a pris comme matière à sculpter sa propre chair, comme toile à peindre son visage et son corps, comme terre à modeler sa pensée et ses sentiments. Il veut que la beauté et l’harmonie de la création passent à travers lui. Cet artiste crée l’art de la nouvelle culture qui vient.
La beauté est une chose vivante dont la source reste cachée au plus profond de l’être, mais qui jaillit et se déverse jusqu’à la surface du corps, inondant la peau, le regard, le sourire et même la voix. Mais seules les pensées lumineuses et les sentiments d’amour désintéressé peuvent créer la beauté. ../…
Vous devez donc penser chaque jour à vous purifier, à enlever certaines pensées, certains sentiments obscurs, ténébreux, pour les remplacer par d’autres, purs, subtils, lumineux. C’est ainsi que vous construisez votre temple.

(Fréjus le 14 janvier 1986).